Page:Doyle - La nouvelle chronique de Sherlock Holmes, trad Labat, 1929.djvu/124

Cette page a été validée par deux contributeurs.
124
LA NOUVELLE CHRONIQUE

peu de sympathie à ses collègues, mais dur à la besogne, au demeurant fort bien noté et très estimé de ses chefs. Il déclare — en quoi son témoignage est corroboré par celui de sa femme — que, rentré chez lui dès la fermeture du bureau, il n’en est plus sorti de la soirée, et que la clef du coffre n’a pas un instant quitté sa chaîne de montre.

— Parlez-moi de Cadogan West.

— Il était depuis dix ans dans le service. Il faisait bien ce qu’il avait à faire. Il passait pour une tête chaude, une nature emportée, mais parfaitement droite et honnête. Nous n’avons rien contre lui. Il travaillait à côté de M. Sidney Johnson. Ses fonctions l’obligeaient chaque jour à manier les plans. Personne n’y touchait en dehors de lui et de son collègue.

— Qui les a mis sous clefs ce soir-là ?

— Le premier dessinateur, M. Sidney Johnson.

— Eh bien, nous savons pertinemment qui les a pris. On les trouve dans les poches de Cadogan West : la trouvaille, n’est-ce pas, est concluante ?

— En effet, Sherlock ; et pourtant, que de choses elle laisse inexpliquées ! D’abord, pourquoi aura-t-il pris les plans ?

— Je présume qu’ils avaient une valeur marchande ?

— Il pouvait en tirer aisément un millier de livres.

— Voyez-vous qu’il pût avoir aucun motif de les porter à Londres, si ce n’est pour les vendre ?

— Je ne vois pas.

— Commençons donc par adopter cette hypothèse. Le jeune Cadogan West a pris les plans. Il a eu besoin pour cela d’une fausse clef…

— De plusieurs fausses clefs. Il avait à ouvrir d’abord le bâtiment où se trouve le bureau, puis le bureau lui-même.