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bien meilleur d'employer vos qualités à conquérir de l'honneur et du crédit que d'en faire le marchepied de l'infamie et du gibet.

-Quant au gibet, je m'en soucie autant que d'un shilling rogné, riposta le brigand en lançant dans l'air du matin de grosses bouffées de fumée bleue. Nous devons tous payer notre dette à la nature, et que je le fasse mes bottes aux pieds ou dans un lit de plume, dans un an ou dans dix, cela n'a pas plus d'importance que pour le premier soldat venu parmi vous. Pour ma part, je ne vois rien de honteux à prélever un tribut sur la fortune des riches, puisque pour le faire je risque carrément ma peau.

-Il y a le juste et il y a l'injuste, répondis-je, et ce n'est pas avec des mots qu'on s'en défait. C'est un jeu qui ne rapporte guère que de tricher avec le juste et l'injuste.

-En outre, quand même vous auriez dit vrai en ce qui concerne la propriété, fit remarquer Sir Gervas, cela ne vous justifierait pas du peu de cas qu'on fait, dans votre métier de la vie humaine.

-Pardon, ce n'est pas autre chose qu'une chasse, avec cette différence que parfois le gibier se retourne contre vous et devient le chasseur. C'est, comme vous le dites, un jeu dangereux, mais la partie se joue à deux, et les deux joueurs ont la même chance.

Pas moyen d'employer des dés pipés, de _truquer_ les