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resté un petit nombre pour soutenir le courage de leur troupeau et lui montrer comment on marche au supplice.

Jamais je ne vis rien d'aussi admirable que la fermeté calme et l'entrain avec lesquels ces pauvres paysans envisageaient leur destin.

Leur bravoure sur le champ de bataille n'était rien auprès de celle qu'ils montrèrent dans l'abattoir légal.

Ce fut ainsi, parmi les prières dites à voix basse et les appels à la miséricorde divine, de ces voix qui n'avaient jamais encore imploré la pitié humaine, que se leva le matin, le dernier matin, que beaucoup d'entre nous avaient à passer sur la terre.

L'audience aurait dû s'ouvrir à neuf heures, mais mylord le Président était indisposé pour avoir prolongé la veillée en compagnie du colonel Kirke.

Il était près de onze heures quand les trompettes et les crieurs annoncèrent qu'il avait pris place.

Les prisonniers furent appelés par leurs noms, l'un après l'autre, les plus marquants les premiers.

Ils nous quittèrent avec des poignées de mains, des bénédictions, mais nous ne les revîmes plus, nous ne les entendîmes plus.

Seulement un bruyant roulement de timbales s'entendait de temps à autre.