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rageuse.

Puis, des habits bleus se montrèrent çà et là parmi les habits de bure.

La lutte reporta ses mouvements furieux sur une centaine de pas en arrière.

La masse épaisse fut fendue en deux et les Gardes du Roi s'élancèrent comme un flot dans la brèche, s'épandant à droite et à gauche, forçant les haies, franchissant les fossés, sabrant de la pointe et du tranchant les cavaliers qui fuyaient.

Toute la scène, ces chevaux qui frappaient du pied, ces crinières agitées, ces cris de triomphe ou de désespoir, ces halètements pénibles, cette sonorité musicale de l'acier qui heurte l'acier, ce fut pour nous, qui étions sur la hauteur, comme une vision désordonnée, tant elle fut prompte à paraître et à disparaître.

Un coup de clairon sec, impérieux, ramena les Bleus sur la route, où ils se reformèrent et partirent au petit trop avant que de nouveaux escadrons eussent le temps de venir du camp.

Le soleil continuait à briller, la rivière à se rider.

Il ne restait plus rien qu'un long amas d'hommes et de chevaux pour marquer le passage de la tempête infernale qui avait éclaté sur nous si brusquement.

Pendant que les Bleus s'éloignaient, nous remarquâmes un officier isolé qui formait l'arrière-garde.