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et qui passait d'un côté à l'autre de la chambre.

La corde fut lancée par-dessus, et le bourreau, de ses doigts tremblants, passa à mon cou le noeud coulant, en faisant grande attention à ne pas se tenir à portée de mes dents.

Une demi-douzaine de dragons prirent l'autre bout de la corde et se tinrent prêts à me lancer dans l'éternité.

Pendant toute ma vie aventureuse, jamais je ne me suis vu aussi près de franchir le seuil de la mort qu'à ce moment-là, et pourtant, je l'affirme, si terrible que fût ma position, il me fut impossible de penser à autre chose qu'aux tatouages que portait au bras le vieux Salomon Sprent, et à l'habileté avec laquelle il y avait marié le rouge et le bleu.

Et cependant je ne perdais pas le plus léger détail de ce qui se passait autour de moi.

La scène, cette chambre nue, dallée, l'unique et étroite fenêtre, les deux officiers flâneurs, élégants, les armes entassées dans le coin, et même le tissu de la grossière serge rouge, et les dessins des larges boutons de cuivre sur la manche de l'homme qui me tenait, tout cela est resté nettement gravé en mon esprit.

-Il faut faire notre besogne avec méthode, fit remarquer le capitaine de haute taille, en tirant de sa poche un calepin. Le colonel Sarsfield demandera peut-être quelques détails. Voyons... celui-ci est le dix-septième, n'est-ce pas?