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en garde, un pied de chaque côté du blessé.

Il resta immobile une ou deux minutes, me regardant par-dessous ses sourcils contractés, sa figure toute bouleversée par la colère.

À chaque instant, je m'attendais à le voir bondir sur moi, mais enfin, avec un serrement de gorge, il remit son épée au fourreau si brusquement qu'elle résonna.

Puis d'un bond, il se remit en selle.

-Nous nous séparons ici, dit-il avec froideur. J'ai été deux fois sur le point de vous tuer, et une troisième fois ce serait peut-être trop pour ma patience. Vous n'êtes pas le compagnon qu'il faut à un soldat de fortune. Entrez dans les ordres, mon garçon. C'est là votre vocation.

-Est-ce Décimus Saxon qui parle où est-ce Will Spotterbridge? demandai-je, rappelant sa plaisanterie au sujet de son ancêtre. Mais son âpre figure ne se détendit point en un sourire pour me répondre.

Il rassembla les rênes dans sa main gauche, lança un dernier regard de travers sur l'officier couvert de sang et partit au galop sur un des sentiers qui se dirigeaient vers le sud.

Je restai un instant à le suivre du regard, mais il ne m'envoya pas même un adieu de la main.

Il s'éloigna sans tourner la tête et finit par disparaître derrière une inégalité dans le sol de la lande.

-Un ami qui s'en va! dis-je tristement, et