Page:Doyle - La bataille de Sedgemoor, trad. Savine, 1911.djvu/167

Cette page n’a pas encore été corrigée

gémissement qu'il jette quand un des paysans le cloue à terre.

Je vois un soldat barbu à grosse figure, monté sur un cheval gris et courant le long de la rangée de piques, y cherchant une brèche, et poussant des cris de rage.

Dans de telles circonstances, ce sont les menus détails qui s'impriment dans l'esprit.

Je remarquai même les grosses dents blanches et les gencives rouges de ces hommes.

En même temps, je vis un homme à figure pâle, aux lèvres minces, qui se penchait sur la crinière de son cheval et me lançait un coup de pointe, en jurant comme un dragon seul sait le faire.

Toutes ces images se mettent en mouvement, dès que je songe à cette charge furieuse, pendant laquelle je m'escrimai d'estoc et de taille sur les hommes, sur les chevaux sans songer à parer, ni à me tenir en garde.

De tous côtés s'entendait un vacarme babélique de clameurs, de cris brefs, de pieuses exclamations parmi les paysans, de jurons parmi les cavaliers, mais par-dessus tout cela on discernait la voix de Saxon suppliant ses piquiers de tenir ferme.

Puis, le nuage de cavaliers recula et pivota à travers la plaine.

Le cri de triomphe de mes camarades, et une tabatière, qui me fut présentée ouverte, annoncèrent que nous avions fait tourner le dos aux