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Le grondement de la cavalerie devenait de plus en plus fort.

-Tenez ferme, mes braves garçons, cria Saxon d'une voix claironnante. Plantez en terre le bout de la pique. Appuyez-la sur le genou droit. Ne cédez pas d'un pouce. Ferme!

Une grande clameur partit des deux côtés, et alors la vague vivante s'abattit sur nous.

Comment espérer de décrire une pareille scène?

Le craquement du bois, les cris brefs, haletants, le renâclement des chevaux, le choc du sabre lancé à tour de bras sur la pique.

Comment espérer qu'on pourra faire voir à autrui ce dont on n'emporte soi-même qu'une impression aussi vague et aussi confuse?

Quiconque a joué ce rôle dans une scène pareille ne se fait aucune idée générale de tout le combat, ainsi que le pourrait un simple spectateur, mais en sa mémoire se gravent les quelques détails que le hasard lui met directement sous les yeux.

C'est ainsi qu'il n'est resté en mes souvenirs qu'un tourbillon de fumée, où se montrent brusquement des casques d'acier, des faces farouches, expressives, des naseaux rouges et béants de chevaux dont les pieds de devant battent l'air, comme pour éviter le tranchant des armes.

Je vois aussi un jeune homme imberbe, un officier de dragons, rampant sûr les mains et les genoux jusque sous les faux, et j'entends le