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ormant à eux seuls une armée, dont les ailes étaient encore masquées par le brouillard.

Comme ils s'avançaient avec ce bruit de foudre, se touchant du genou, bride, contre bride, on entendit venir de leur côté une telle bordée de jurons sonores mêlée au bruissement des harnais, au froissement de l'acier, au battement rythmé d'un nombre infini de sabots, qu'à moins d'avoir tenu bon, une simple pique de sept pieds à la main, contre un pareil ouragan, nul ne saurait comprendre combien il est difficile d'y faire face, les lèvres serrées et la main bien ferme.

Mais si merveilleux que fût ce spectacle, nous n'eûmes guère le loisir de le contempler, comme vous le devinez bien, mes chers enfants.

Saxon et l'Allemand se lancèrent parmi les piquiers et firent tout ce que des hommes peuvent faire pour serrer leurs rangs.

Sir Gervas et moi, nous en fîmes autant pour les hommes armés de faux, qui avaient été exercés à se former sur trois rangs, l'un à genoux, le second le corps penché, le troisième debout, les armes en avant.

Près de nous, les gens de Taunton s'étaient rangés en un cercle sombre, farouche, tout hérissé d'acier, au centre duquel on pouvait voir et entendre leur vénérable maire, dont la longue barbe flottait au vent, dont la voix perçante retentissait sur le champ de bataille.