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un événement qui n'avait rien de merveilleux, rien d'inattendu.

Toute la ville retentissait de prêches.

Chaque escadron, chaque compagnie avait son prédicant de prédilection, parfois plus d'un, pour lui faire des harangues, des commentaires.

Montés sur des tonneaux, sur des chars, ou par les fenêtres, et même du haut des toits, ils exhortaient la foule au dessous d'eux.

Et leur éloquence ne se dépensait point en vain. Des clameurs, rauques, sauvages, s'élevaient des rues, mêlées de prières et d'exclamations désordonnées.

Les hommes étaient ivres de religion, comme de vin.

Ils avaient la figure échauffée, la langue pâteuse, les gestes fous.

Sir Stephen et Saxon échangeaient des sourires à ce spectacle, car en vieux soldats qu'ils étaient, ils savaient que parmi les causes qui rendent un homme vaillant en prouesses et insouciant de la vie, il n'en est point qui soit plus énergique et plus persistante que cet accès religieux.

Le soir, je trouvai le temps de rendre visite à mon ami blessé et le vis adossé à des oreillers, étendu sur son lit, respirant avec quelque difficulté, mais aussi en train, aussi gai que d'ordinaire.

Notre prisonnier, le Major Ogilvy, qui s'était pris d'une vive affection pour nous,