Page:Doyle - La Vallée de la peur.djvu/46

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bête hors d’haleine. Par le train de cinq heures quarante du matin, il envoya son message à Scotland Yard, et quand, à midi, nous débarquâmes à Birlstone, il nous reçut à la gare. C’était un homme assuré, tranquille, rassis. Vêtu d’un ample costume de gros drap, le visage sans un poil de barbe, rubicond, replet, les jambes puissantes et noueuses sanglées dans des houseaux, on l’eût pris pour un petit fermier, pour un garde-chasse, pour tout au monde, plutôt que pour un officier très distingué de la police criminelle de province.

« Ça va ronfler, je ne vous dis que ça, monsieur Mac Donald, répétait-il comme un refrain. Laissez la nouvelle s’ébruiter, et vous verrez les journalistes accourir plus nombreux que des mouches. J’espère que nous en aurons fini avant qu’ils mettent le nez dans l’affaire et brouillent toutes les pistes. C’est quelque chose, voyez-vous, qui ne ressemble à rien dont je me souvienne. Sauf erreur, vous y trouverez votre compte, monsieur Holmes. Et vous aussi, docteur Watson, car l’enquête ne se terminera pas sans que les médecins aient leur mot à dire. Votre chambre vous attend à l’enseigne des « Armes de Westville ». Pas d’autre auberge. Mais c’est propre, la maison est bonne. On va vous porter vos sacs. Par ici, je vous prie. »

Vraiment, il était l’activité, la gaieté en personne, ce détective du Sussex. Au bout de dix minutes, nous étions installés à l’auberge ; au