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rendit à Hobson’s Patch. La police semblait lui porter un intérêt particulier ce matin-là. Le capitaine Marwin voulut l’aborder dans la salle d’attente de la gare, mais il lui tourna le dos. Au retour de sa mission, dans la journée, il vit Mac Ginty à la Maison de l’Union.

« Notre homme viendra, dit-il.

— Bon ! » répondit Mac Ginty.

Le géant était en manches de chemise ; sur l’ampleur de son gilet reluisaient des chaînes et des pendeloques ; un diamant jetait des feux à travers le fouillis de sa barbe. La politique et le commerce des boissons lui avaient donné à la fois la richesse et la puissance, et il trouvait d’autant plus importune l’idée de la prison ou de la potence, brusquement évoquée à ses yeux la veille au soir.

« Pensez-vous qu’il sache beaucoup de choses ? » demanda-t-il avec angoisse.

Mac Murdo hocha tristement la tête.

« Il est ici depuis quelque temps, au moins depuis six semaines. Avec l’argent des Compagnies, il a dû obtenir des résultats et ne les aura pas gardés pour lui seul.

— Nous n’avons pas, à la loge, un homme capable d’une faiblesse. Sauf, peut-être, ce capon de Morris… Si quelqu’un de nous mangeait le morceau, ce serait lui. J’ai bonne envie de lui dépêcher avant ce soir deux de nos garçons, qui le secoueront de façon à faire tomber son masque.

— Je n’y vois point d’inconvénient, répondit