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quelques membres de l’assemblée tournaient leurs yeux vers elle. Mac Ginty présidait ; sur sa noire tignasse était posée une toque plate en velours noir ; il avait passé à son cou une étole violette ; ainsi costumé, il semblait l’officiant de quelque messe satanique. À sa gauche et à sa droite siégeaient les hauts dignitaires de la loge, au milieu desquels se détachait le beau visage cruel de Ted Baldwin. Tous portaient une écharpe ou un médaillon, emblème de leur charge. La plupart étaient des hommes d’âge mûr ; le reste comprenait des jeunes gens de dix-huit à vingt-cinq ans, exécuteurs alertes et dispos des ordres de leurs aînés. Parmi ces derniers, beaucoup avaient des traits qui annonçaient des âmes de fauves, rebelles à toute contrainte ; mais si l’on regardait la masse, on avait peine à croire que ces figures vives et ouvertes fussent celles d’assassins qui poussaient la perversion morale jusqu’à s’enorgueillir de leur degré d’avancement dans le crime, et qui entouraient de leur respect un homme réputé pour sa façon de « faire proprement les choses ». Ces êtres déformés mettaient une sorte de vertu chevaleresque à proposer leurs services contre des gens qui n’avaient pas le moindre tort envers eux, et qui, même, leur étaient le plus souvent inconnus. Le crime accompli, ils se disputaient l’honneur d’avoir porté le coup fatal, ils s’amusaient et ils amusaient leurs camarades à raconter les cris et les contorsions de la victime.