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je ne les ai pas craints, mais j’ai toujours fini par m’en faire craindre. Toujours. Quelle folie que cette histoire, quand j’y pense ! Si ces hommes, comme le dit votre père, désolent cette vallée, s’ils ont commis forfait sur forfait, si chacun les désigne par leurs noms, comment se peut-il que, tous, ils échappent à la justice ? Répondez à cela, Ettie !

— C’est que personne n’ose les accuser ; qui l’oserait n’attendrait pas un mois son châtiment. C’est aussi qu’ils ont des témoins toujours prêts à jurer que celui qu’on accuse était loin de la scène du crime. Voyons, Jack, vous avez dû lire tout cela ; il en a été question dans tous les journaux d’Amérique.

— Il est vrai que j’en ai lu quelque chose. Mais je croyais à des fables. Peut-être ces gens ont-ils leurs raisons pour agir de la sorte… Peut-être a-t-on eu des torts envers eux et n’ont-ils que ce moyen de se défendre.

— Oh ! Jack, ne dites pas cela ! C’est ce qu’il dit, lui… l’autre !

— Ah ! c’est ce que dit Baldwin ?

— Oui… et c’est pourquoi il me fait horreur. Et non seulement horreur, mais peur. Peur pour moi, et plus encore pour mon père. Un malheur nous frapperait si je manifestais ce que j’éprouve. Je me défais de Baldwin avec des demi-promesses. Nous n’avons contre lui aucun recours. Ah ! si vous vouliez fuir avec moi, Jack, nous emmènerions le père. Nous vivrions hors d’atteinte, loin de ces méchants. »