Page:Doyle - La Vallée de la peur.djvu/137

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ses joues. Dans l’encadrement lumineux de l’entrée, elle s’opposait si vivement à la sordide tristesse du décor extérieur que Mac Murdo pensa n’avoir contemplé de sa vie un plus noble portrait. Il n’eût pas été si déconcerté en voyant éclore une violette sur un tas de scories. Et, dans son émoi, il restait muet, comme en extase. Elle rompit le silence.

« Je croyais que c’était le père, dit-elle, avec une pointe d’accent suédois qui donnait du charme à sa parole. Vous veniez le voir ? Il est sorti, je l’attends d’une minute à l’autre. »

Mac Murdo continuait de la dévisager avec une si impérieuse admiration qu’elle dut baisser les yeux.

« Non, miss, répondit-il enfin, je ne suis pas pressé de le voir. Mais je cherche une pension, et on m’a recommandé la vôtre ; je supposais qu’elle me conviendrait ; à présent, j’en suis sûr.

— Voilà une opinion vite faite, dit-elle en souriant.

— Il faudrait être aveugle pour n’être pas fixé tout de suite, » répliqua-t-il.

Le sourire de la jeune fille devint un rire.

« Entrez, monsieur, reprit-elle. Je suis miss Ettie Shafter, fille de Mr. Shafter. Ma mère est morte, je gouverne la maison. Vous pouvez vous asseoir près du poêle, dans la chambre de devant, jusqu’à ce que mon père