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marteau que j’avais laissé sur la cheminée. Instantanément, l’homme s’élança. Je vis briller une lame, j’abaissai le bras ; certainement j’atteignis mon agresseur, car la lame tinta sur le parquet. Vif comme une anguille, il fit le tour de la table, prit son fusil dans son pardessus, l’arma. Je ne lui laissai pas le temps de s’en servir : j’empoignai le fusil par le canon, et nous voilà, une minute au moins, luttant à qui s’en rendrait maître. C’était la mort pour celui de nous deux qui le lâcherait ! Il ne le lâcha point, mais, pendant quelques instants de trop, il le tint la crosse en bas. Peut-être est-ce moi qui poussai la détente. Ou bien une trop forte secousse la fit-elle jouer ? En tout cas, il reçut la double décharge en pleine figure, et je demeurai confondu, regardant à mes pieds ce qui restait de Ted Baldwin.

« Je l’avais reconnu en ville, puis quand il avait sauté sur moi ; mais tel que je le voyais dans ce moment, sa mère elle-même eût refusé de le reconnaître. Bien que la vie m’ait souvent offert de rudes spectacles, l’aspect de ce mort me bouleversait.

« Barker, aussitôt accouru, me trouva immobile, penché contre le coin de la table. J’entendis venir ma femme ; je me précipitai vers elle et je l’arrêtai : un pareil tableau n’était pas fait pour elle. Je lui promis que j’irais vite la rejoindre. Barker avait saisi d’un coup d’œil toute la situation. Je lui dis à peine quelques mots, et nous attendîmes l’arrivée