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toute la nuit dans leur étrange langage. Quant à moi, je me tenais en dehors de la porte, contemplant les sinuosités de la large rivière, ou les lumières vacillantes de la grande ville qui s’étendait à mes pieds. Le roulement des tambours, le bruit des tam-tams, les cris et les hurlements des rebelles, ivres d’opium et d’alcool, ne nous permettaient pas d’oublier un instant les dangereux voisins dont le fleuve seul nous séparait. Toutes les deux heures, l’officier de service faisait sa ronde et s’assurait que tout était en ordre.

« La troisième nuit, le ciel était obscur et le temps mauvais ; il tombait une petite pluie fine et pénétrante, et les heures de garde s’écoulaient bien lentement. Plusieurs fois, j’essayai d’entamer la conversation avec mes Sikhs, mais tous mes efforts échouèrent devant leur mutisme. À deux heures du matin, la ronde passa et vint rompre un moment la monotonie de cette nuit. Voyant qu’il était impossible de causer avec mes compagnons, je tirai ma pipe et je déposai mon mousquet pour faire flamber une allumette. Au même instant, les deux Sikhs se jetèrent sur moi. L’un d’eux saisit mon fusil et appuya le bout du canon sur mon front, tandis que l’autre, me mettant un poignard sous la gorge, jura à voix basse qu’il