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souffert jusque là, le frisson qui nous parcourut le corps quand nous comprîmes qu’ils allaient plier.

J’avais devant moi un Français, un homme aux traits tranchants, aux yeux noirs, qui chargeait, qui tirait, comme s’il avait été à l’exercice.

Il visait avec soin, et regardait d’abord autour de lui pour choisir et abattre un officier.

Je me rappelle qu’il me vint à l’esprit que ce serait faire un bel exploit que de tuer un homme qui montrait un tel sang-froid.

Je me précipitai vers lui et lui passai ma baïonnette au travers du corps.

En recevant ce coup, il fit demi-tour et me lâcha un coup de fusil en pleine figure.

La balle me fit, à travers la joue, une marque qui me restera jusqu’à mon dernier jour.

Quand il tomba, je trébuchai par-dessus son corps. Deux autres hommes tombèrent à leur tour sur moi, et je faillis être étouffé sous cet entassement.

Lorsqu’enfin je me fus dégagé, après m’être frotté les yeux, qui étaient pleins de poudre,