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tinrent pendant la matinée, deux cents pendant la soirée, et pas un Français n’en dépassa le seuil.

Mais comme ils se battaient, ces Français !

Ils ne faisaient pas plus de cas de leur vie que de la boue dans laquelle ils marchaient.

Un d’eux, — je crois le voir encore, — un homme au teint hâlé, assez repus, et qui marchait avec une canne, s’avança en boitant, tout seul, pendant une accalmie de la fusillade, vers la porte latérale de Hougoumont, où il se mit à frapper, en criant à ses hommes de les suivre.

Il resta là cinq minutes, allant et venant devant les canons de fusil qui l’épargnaient, jusqu’à ce qu’enfin un tirailleur de Brunswick, posté dans le verger, lui cassa la tête d’un coup de feu.

Et il y en eut bien d’autres comme lui, car pendant toute la journée, quand ils n’arrivaient pas en masses, ils venaient par deux, par trois, l’air aussi résolu que s’ils avaient toute l’armée sur leurs talons.

Nous restâmes ainsi tout le matin, à contempler la bataille qui se livrait là-bas à