prospère qu’aux dépens des existences humaines.
Au même instant on cria derrière nous : « Eh ! Eh ! Eh ! » et quelqu’un commanda d’une voix forte : « Laissez passer les canons ! »
Je tournai la tête et je vis les compagnies d’arrière-garde ouvrir soudain les rangs et se jeter de chaque côté de la route, pendant que six chevaux couleur crème, attelés par paires, galopant ventre à terre, arrivaient à grand fracas dans l’espace libre, traînant un beau canon de douze qui tournait et craquait derrière eux.
Puis, il en vint un second, un troisième, vingt quatre en tout, ils passèrent près de nous avec grand bruit, grand vacarme, les hommes, en uniformes bleus, se tenant bien cramponnés aux canons et aux caissons, les conducteurs jurant, faisant claquer leurs fouets, les crinières flottant au vent, les écouvillons et les seaux s’agitant avec un bruit de ferraille.
L’air était tout remué de cette agitation fébrile, du tintement sonore des chaînes.