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fait rire. Moi aussi, je sentais le gel m’envahir. Aussi, que fis-je ? Je pris mon sabre, et je fendis le ventre à mon cheval mort. Je fis comme je pus. Je m’y taillai assez de place pour y entrer, en laissant une petite ouverture pour respirer. Sapristi, il faisait bien chaud là-dedans. Mais je n’avais pas assez d’espace pour y tenir tout entier. Mes pieds et une partie de mes jambes dépassaient. Alors la nuit, pendant que je dormais, des loups vinrent pour dévorer le cheval, et ils m’entamèrent aussi quelque peu, comme vous pouvez le voir ; mais après cela je veillai, pistolets en main, et ils n’en eurent pas davantage de moi. C’est là que j’ai passé très commodément dix jours.

— Dix jours ! m’écriai je, et que mangiez–vous ?

— Eh bien, je mangeais le cheval. Il fut pour moi ce que vous appelez la table et le logement. Mais naturellement j’eus le bon sens de manger les jambes et de ne pas toucher au corps. Il y avait autour de moi un grand nombre de morts qui tous avaient leur gourde à eau, de sorte que j’avais tout ce que