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jim harrison, boxeur

Cette nuit-là, je vais vous dire des choses qu’il me serait pénible de répéter devant un tribunal, — je me sentais agité hors d’état de dormir, ainsi que cela arrive quelquefois.

Mon esprit se reportait sur le hasard des cartes. Je ne faisais que me tourner, me retourner, lorsque soudain, un grand cri arriva à mon oreille, suivi d’un second cri plus fort encore, et qui venait du côté de la chambre occupée par le capitaine Barrington.

Cinq minutes plus tard, j’entendis un bruit de pas dans le corridor.

Sans allumer de lumière, j’ouvris ma porte et je jetai un regard au dehors, croyant que quelqu’un s’était trouvé mal. C’était Lord Avon qui se dirigeait vers moi.

D’une main, il tenait une chandelle dégoûtante. De l’autre, il portait un sac de voyage dont le contenu rendait un son métallique.

Sa figure était décomposée, bouleversée à tel point que ma question se glaça sur mes lèvres.

Avant que je pusse la formuler, il rentra dans sa chambre et ferma sa porte sans bruit.

Le lendemain, en me réveillant, je le trouvai près de mon lit.

— Charles, dit-il, je ne puis supporter l’idée que vous ayez perdu cet argent chez moi. Vous le trouverez sur cette table.

Vainement je répondis par des éclats de rire à sa délicatesse exagérée. Vainement je lui déclarai que si j’avais gagné, j’aurais ramassé mon argent, de sorte qu’on pouvait trouver étrange que je n’eusse point le droit de payer après avoir perdu.

— Ni moi ni mon frère, nous n’y toucherons, dit-il. L’argent est là. Vous pourrez en faire ce que vous voudrez.