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jim harrison, boxeur

Désormais, c’était à Londres que je pensais le jour, de Londres que je rêvais la nuit, l’immense cité, séjour des savants et des puissants, d’où venait ce flot incessant de voitures, ces foules de piétons poudreux qui défilaient sans interruption devant notre fenêtre.

Ce fut uniquement cet aspect de la vie qui se présenta le premier à moi.

Aussi, étant tout jeune garçon, je me figurais d’ordinaire la Cité comme une écurie gigantesque où fourmillaient les voitures, et d’où elles partaient en un flot ininterrompu sur les routes de la campagne.

Mais ensuite, le champion Harrison m’apprit que là habitaient les gens de sports athlétiques. Mon père me dit que là vivaient les chefs de la marine ; ma mère que c’était là que vivaient son frère et les amis des grands personnages.

Aussi, en arrivai-je à être dévoré d’impatience de voir les merveilles de ce cœur de l’Angleterre.

Cette venue de mon oncle, c’était donc la lumière se frayant passage à travers les ténèbres et pourtant, j’osais à peine espérer qu’il consentirait à m’introduire, avec lui, dans ces sphères supérieures où il vivait.

Toutefois, ma mère avait tant de confiance en la bonté naturelle de mon oncle, ou dans son éloquence à elle, qu’elle avait déjà commencé en secret à faire des préparatifs pour mon départ.

Mais si la vie mesquine que je menais au village pesait à mon esprit léger, elle était un véritable supplice pour le caractère vif et ardent du Petit Jim.

Quelques jours seulement après l’arrivée de la lettre de mon oncle, nous allâmes faire un tour sur les dunes, et ce fut alors que je pus entrevoir l’amertume qu’il avait au cœur.

— Qu’est-ce que je puis faire ici, Rodney ? Je forge