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Dès le milieu d’avril, les châtaigniers étaient déjà couverts de feuilles.

Un soir, nous étions tous à prendre le thé, quand nous entendîmes un pas lourd à notre porte.

C’était le facteur qui apportait une lettre pour nous.

— Je crois que c’est pour moi, dit ma mère.

En effet, l’adresse d’une très belle écriture était : Mistress Mary Stone à Friar’s Oak, et au milieu se voyait l’empreinte d’un cachet représentant un dragon ailé sur la cire rouge, de la grandeur d’une demi-couronne

— De qui croyez-vous qu’elle vienne, Anson ? demanda-t-elle.

— J’avais espéré que cela viendrait de Lord Nelson, répondit mon père. Il serait temps que le petit reçoive sa commission, mais si elle vous est adressée, cela ne peut venir de quelque personnage de bien grande importance.

— D’un personnage sans importance ! s’écria-t-elle, feignant d’être offensée. Vous aurez à me faire vos excuses, pour ce mot-là, monsieur, car cette lettre m’est envoyée par un personnage qui n’est autre que sir Charles Tregellis, mon propre frère.

Ma mère avait l’air de baisser la voix, toutes les fois qu’elle venait à parler de cet étonnant personnage qu’était son frère.

Elle l’avait toujours fait, autant que je puis m’en souvenir, de sorte que c’était toujours avec une sensation de profonde déférence que j’entendais prononcer ce nom-là.

Et ce n’était pas sans motif, car ce nom n’apparaissait jamais qu’entouré de circonstances brillantes, de détails extraordinaires.

Une fois, nous apprenions qu’il était à Windsor avec