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— Alors, dussiez-vous me trouver effrontée, je vous appellerai aussi petit Jim. Nous autres, vieilles gens, nous avons nos privilèges, vous savez ? Maintenant, vous allez entrer avec moi, et nous prendrons ensemble une tasse de thé.

Elle nous précéda dans une chambre fort coquette, la même où nous l’avions aperçue lors de notre première visite.

Au milieu de la pièce était une table couverte d’une nappe blanche, de brillants cristaux, de porcelaines éblouissantes.

Des pommes aux joues rouges étaient empilées sur un plat qui occupait le centre.

Une grande assiette, chargée de petits pains fumants, fut aussitôt apportée par la domestique à la figure revêche. Je vous laisse à penser si nous fîmes honneur à toutes ces excellentes choses.

Miss Hinton ne cessait de nous presser, de nous redemander nos tasses et de remplir nos assiettes.

Deux fois, pendant le repas, elle se leva de table et disparut dans une armoire qui se trouvait au bout de la pièce et chaque fois je vis la figure de Jim s’assombrir, car nous entendions un léger tintement de verre contre verre.

— Eh bien, voyons, mon petit homme, me dit-elle, quand la table eut été desservie, qu’est-ce que vous avez à regarder, comme cela, tout autour de vous ?

— C’est qu’il y a tant de jolies choses contre les murs.

— Et quelle de ces choses trouvez-vous la plus jolie ?

— Ah ! celle-ci, dis-je en montrant du doigt un portrait suspendu en face de moi.

Il représentait une jeune fille grande et mince, aux joues très rosées, aux yeux très tendres, à la toilette si