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Tout en parlant, elle ouvrit une porte.

À l’autre bout de la pièce gisait, écroulée sur un fauteuil, une informe masse de chair avec des flots de cheveux noirs épars dans tous les sens.

Pour moi, j’étais si jeune que je ne savais si cela était plaisant ou affreux, mais quand je regardai Jim pour voir comment il prenait la chose, il avait la figure toute pâle, l’air écœuré.

— Vous n’en parlerez à personne, Roddy, dit-il.

— Non, excepté à ma mère.

— Je n’en dirai pas un mot, même à mon oncle. Je prétendrai qu’elle était malade, la pauvre dame. C’est bien assez que nous l’ayons vue dans cet état de dégradation, sans en faire un objet de propos dans le village. Cela me pèse lourdement sur le cœur.

— Elle était comme cela hier, Jim.

— Ah ! vraiment ? Je ne l’ai pas remarqué. Mais je sais qu’elle a de la bonté dans les yeux et dans le cœur, car j’ai vu cela pendant qu’elle me regardait. Peut-être est-ce le manque d’amis qui l’a réduite à cet état !

Son entrain en fut éteint pendant plusieurs jours et alors que l’impression faite en moi s’était dissipée, ses manières la firent renaître.

Mais ce ne devait pas être la dernière fois que la dame à la pelisse rouge reviendrait à notre souvenir.

Avant la fin de la semaine, de nouveau, Jim me demanda si je consentirais à retourner chez elle avec lui.

— Mon oncle a reçu une lettre, dit-il. Elle voudrait causer avec moi et je serai plus à mon aise, si vous m’accompagnez, Rod.

Pour moi, toute occasion de sortir était bienvenue, mais à mesure que nous nous approchions de la mai-