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Priestleyiste, d’autres de Foxiste et presque tout le monde de traître.

Assurément, je trouvais à ce moment-là fort condamnable de prendre un air bougon, à chaque nouvelle d’une victoire anglaise, et quand on le brûla en effigie sous la forme d’un mannequin de paille devant la porte de sa ferme, le petit Jim et moi nous fûmes de la fête.

Mais nous dûmes reconnaître qu’il fit bonne figure quand il marcha à nous en habit brun, en souliers à boucles, la colère empourprant son austère figure de maître d’école.

Ma parole, comme il nous arrangea et comme nous fûmes empressés à nous esquiver sans bruit !

— Vous qui menez une vie de mensonge, dit-il, vous et vos pareils qui avez prêché la paix pendant près de deux mille ans et avez passé tout ce temps à massacrer les gens ! Si tout l’argent qu’on dépense à faire périr des Français était employé à sauver des existences anglaises, vous auriez alors le droit de brûler des chandelles à vos fenêtres. Qui êtes-vous pour venir ici insulter un homme qui observe la loi ?

— Nous sommes le peuple d’Angleterre, cria le jeune M. Ovington, fils du squire tory.

— Vous, fainéant, qui n’êtes bon qu’à jouer aux courses, à faire battre des coqs ? Avez-vous la prétention de parler au nom du peuple d’Angleterre ? C’est un fleuve profond, puissant, silencieux, vous n’en êtes que l’écume, la pauvre et sotte mousse qui flotte à sa surface.

Nous le trouvâmes alors fort blâmable, mais en reportant nos regards en arrière, je me demande si nous n’avions pas nous-mêmes grand tort.

Et puis c’étaient les contrebandiers.