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pêcheur en vie. Que diable faites-vous tous deux à la Falaise royale à cette heure de la nuit ?

Nous avions gagné ensemble le clair de la lune.

C’était bien le champion Harrison, avec un gros paquet sous le bras, et l’air si abasourdi que j’aurais souri si mon cœur n’était resté encore convulsé par la crainte.

— Nous faisions des explorations, dit Jim.

— Une exploration, dites-vous. Eh bien ! je ne vous crois guère capables de devenir des capitaines Cook, ni l’un ni l’autre, car je n’ai jamais vu des figures aussi semblables à des navets pelés. Eh bien, Jim, de quoi donc avez-vous peur ?

— Je n’ai pas peur, mon oncle, je n’ai jamais eu peur, mais les esprits sont une chose nouvelle pour moi et…

— Les esprits ?

— Je suis entré dans la Falaise royale et nous avons vu le fantôme.

Le Champion se mit à siffler.

— Ah ! voilà de quoi il retourne, n’est-ce pas ? dit-il. Est-ce que vous lui avez parlé ?

— Il a disparu avant que je le prisse.

Le champion se remit à siffler.

— J’ai entendu dire qu’il y avait quelque chose de ce genre, là-haut, dit-il, mais c’est une affaire de laquelle je vous conseille de ne pas vous mêler. On a assez d’ennuis avec les gens de ce monde-ci, petit Jim, sans se détourner de sa route pour se créer des ennuis avec ceux de l’autre monde. Et quant au jeune M. Rodney, si sa bonne mère lui voyait cette figure toute blanche, elle ne le laisserait plus revenir à la forge. Marchez tout doucement… Je vous reconduirai à Friar’s Oak.

Nous avions fait environ un demi-mille, quand le champion