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— C’était un esprit, Roddy.

— Comment le savez-vous ?

— C’est que je l’ai suivi et que je l’ai vu disparaître dans la muraille aussi aisément qu’une anguille dans le sable. Eh Roddy, qu’avez-vous donc encore ?

Toutes mes terreurs m’étaient revenues ; tous mes nerfs vibraient d’épouvante.

— Emmenez-moi, Jim, emmenez-moi, criai-je.

J’avais les yeux dirigés fixement vers l’avenue.

Le regard de Jim suivit leur direction.

Sous l’ombre épaisse des chênes, quelqu’un s’avançait de notre côté.

— Du calme, Roddy, chuchota Jim. Cette fois, par le ciel, advienne que pourra, je vais le prendre au corps.

Nous nous accroupîmes et restâmes aussi immobiles que les arbres voisins.

Des pas lourds labouraient le gravier mobile et une grande silhouette se dressa devant nous dans l’obscurité.

Jim s’élança sur elle, comme un tigre.

— Vous, en tout cas, vous n’êtes pas un esprit, cria-t-il.

L’individu jeta un cri de surprise, bientôt suivi d’un grondement de rage.

— Qui diable ?… hurla-t-il.

Puis il ajouta :

— Je vous tords le cou si vous ne me lâchez pas.

La menace n’aurait peut-être pas décidé Jim à desserrer son étreinte, mais le son de la voix produisit cet effet.

— Eh quoi ! vous, mon oncle ? s’écria-t-il.

— Eh ! mais, je veux être béni, si ce n’est pas le petit Jim ! Et celui-là, qui est-ce ? Mais c’est le jeune monsieur Rodney Stone, aussi vrai que je suis un