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jim harrison, boxeur

suis bien disposé à son égard et je le regarde comme éminemment apte à la profession où il va entrer.

Il me tendit alors sa sacro-sainte tabatière comme un gage solennel de sa bienveillance et quand mon esprit se reporte à ce temps-là, il y a peu de circonstances où j’aie vu plus clairement briller cet éclair malicieux en ses grands yeux à l’expression hautaine, alors qu’il avait un pouce dans l’entournure de son gilet et qu’il m’offrait la petite boîte brillante sur le creux de sa main blanche comme la neige.

Il était le type et le chef d’une étrange race d’hommes qui a disparu d’Angleterre, ce beau au sang abondant, au caractère viril, exquis dans sa toilette, étroit dans ses idées, grossier dans ses amusements, excentrique dans ses habitudes.

Ces hommes traversèrent l’histoire d’Angleterre d’un pas guindé, avec leurs absurdes cravates, leurs larges collets, leurs breloques dansantes et ils s’évanouirent dans ces sombres coulisses d’où l’on ne revient jamais.

Le monde, en se développant, les a laissés derrière lui.

Il n’y a plus de place en lui pour leurs modes bizarres, leurs mystifications, leurs excentricités soigneusement étudiées.

Et cependant, derrière ce rideau, sous ces dehors de sottise dont ils prenaient si grand soin de se draper, c’étaient souvent des hommes énergiques, d’une robuste personnalité.

Les langoureux flâneurs de Saint-James étaient aussi les Yachtmen du Solent, les fins Cavaliers des comtés, les combattants qui se battaient sur la grande route ou dans quelque aventure matinale.

C’est parmi eux que Wellington tria ses meilleurs officiers.

Ils condescendent parfois à être poètes, orateurs, et