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jim harrison, boxeur

Puis, il se rapprocha de la table de toilette où il me tournait le dos.

Sa tête était un peu rejetée en arrière et il portait les deux mains à son col de chemise, comme s’il voulait le défaire.

Puis j’entendis alors un éclaboussement comme si une cuvette avait été renversée et il s’affaissa sur le sol, sa tête dans un coin, et elle faisait avec ses épaules un angle si extraordinaire qu’il me suffit d’un coup d’œil pour comprendre que mon homme allait échapper à l’étreinte où je croyais le tenir.

Je fis glisser le panneau.

Un instant après j’étais dans la pièce.

Ses paupières battaient encore et quand mon regard se fixa sur ses yeux déjà glacés, je crus y lire une expression de surprise indiquant qu’il me reconnaissait.

Je déposai mon couteau sur le sol et je m’allongeai à côté de lui pour pouvoir lui murmurer à l’oreille une ou deux menues choses dont je tenais à lui laisser le souvenir, mais à ce moment même, il ouvrit la bouche et mourut.

Chose singulière, moi qui n’avais pas eu peur de ma vie, j’eus peur alors à côté de lui, et pourtant, quand je le regardai, quand je vis qu’il était toujours immobile, à l’exception de la tache de sang qui allait toujours s’agrandissant, sur le tapis, je fus pris d’une soudaine crise de peur.

Je pris mon couteau et revins sans bruit dans ma chambre en fermant les panneaux derrière moi.

Ce fut alors seulement que je m’aperçus qu’en ma folle précipitation, au lieu d’avoir rapporté le couteau de chasse, j’avais ramassé le rasoir qui était tombé tout sanglant des mains du mort.