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jim harrison, boxeur

Alors enfin, à une heure très matinale, je les entendis remuer leurs chaises, je devinai qu’ils avaient fini de jouer.

Lorsque j’entrai dans la pièce pour recevoir mes ordres, je m’aperçus que le capitaine Barrington avait déjà gagné son lit tant bien que mal.

Les autres s’étaient également retirés et je trouvai mon maître seul devant la table, en face de sa bouteille vide et des cartes éparpillées.

Il me renvoya dans ma chambre, d’un ton colère, et cette fois-là je lui obéis.

Mon premier soin fut de me pourvoir d’une arme.

Je savais que si je me trouvais face-à-face avec lui, je pourrais l’étrangler, mais je devais m’arranger pour qu’il meure sans faire le moindre bruit.

Il y avait une panoplie de chasse dans le hall. J’y pris un grand couteau à lame droite que je repassai sur ma botte.

Puis je regagnai furtivement ma chambre et je m’assis au bord de mon lit pour attendre.

J’avais décidé ce que je devais faire. Ce serait une mince satisfaction pour moi que de le tuer sans qu’il sache quelle main portait le coup et laquelle de ses fautes il expiait ainsi.

Si je pouvais seulement le lier, lui mettre un bâillon, puis après l’avoir éveillé d’une ou deux piqûres de mon poignard, je pourrais au moins l’éveiller pour lui faire entendre ce que j’avais à lui dire.

Je me représentais l’expression de ses yeux, lorsque les vapeurs du sommeil se seraient peu à peu dissipées, cet air de colère se tournant aussitôt en horreur, en épouvante, lorsqu’il comprendrait enfin qui j’étais et ce que je venais faire.

Ce serait le moment suprême de ma vie.