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jim harrison, boxeur

Mon frère avait fait venir les paquets de cartes de chez Ledbing dans Bond Street. Il les avait gardées plusieurs heures dans sa chambre. Il avait joué avec une décision qui alors avait causé notre surprise.

Et par-dessus tout, je ne pouvais me cacher à moi-même que sa vie passée n’était point telle qu’elle dût faire croire qu’il lui était impossible de commettre un crime aussi abominable.

Tout vibrant de colère et d’humiliation, je montai tout droit par l’escalier, ces cartes à la main, et je lui jetai à la face, son crime, le plus bas, le plus dégradant que pût commettre un coquin.

Il ne s’était pas encore mis au lit et son gain était resté éparpillé sur la table de toilette.

Je ne savais guère que lui dire, mais les faits étaient si terribles qu’il ne tenta pas de nier sa faute.

Vous vous le rappellerez, car c’était la seule circonstance atténuante qu’il y eût à son crime, il n’avait pas encore vingt et un ans.

Mes paroles l’accablèrent.

Il se jeta à genoux devant moi, me supplia de l’épargner.

Je lui dis que par égard pour l’honneur de notre famille, je ne le dénoncerais pas en public, mais que désormais, il devrait toute sa vie s’abstenir de toucher une carte et que l’argent gagné par lui serait restitué le lendemain avec une explication.

— Cela serait la perte de sa position dans le monde, protesta-t-il.

Je répétai qu’il devait subir les conséquences de son acte.

Séance tenante, je brûlai les papiers qu’il m’avait gagnés, je mis toutes les pièces d’or qui se trouvaient sur la table, dans un sac de toile.