Page:Doyle - Jim Harrison, Boxeur, trad Savine, 1910.djvu/339

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
328
jim harrison, boxeur

Je n’ai pu me décider à avouer ce que j’avais fait. C’est cette négligence de ma part, qui a amené une séparation entre nous et dont le blâme doit retomber sur moi et non sur elle. Néanmoins, en raison de ses habitudes, je lui ai retiré l’enfant et assuré une rente, à la condition qu’elle ne s’occupât point de lui. Je craignais que l’enfant ne fût gâté par elle, et dans mon aveuglement, je n’avais pas compris qu’il pouvait lui faire du bien. Mais dans ma misérable existence, Charles, j’ai appris qu’il y a une puissance qui gouverne nos affaires, quelques efforts que nous fassions pour entraver son action, et que, sans aucun doute, nous sommes poussés par un courant invisible vers un but déterminé, quoique nous puissions nous donner l’illusion trompeuse de croire que c’est grâce à nos coups de rame et à nos voiles que nous hâtons notre marche.

J’avais tenu mon regard fixé sur mon oncle, pendant qu’il écoutait ces paroles, mais quand je levai les yeux, ils tombèrent de nouveau sur la maigre figure de loup de Sir Lothian Hume.

Il était debout près de la fenêtre.

Sa silhouette grise se dessinait sur les vitres poussiéreuses.

Jamais je ne vis sur une figure humaine pareille lutte entre des passions diverses et mauvaises : la colère, la jalousie et l’avidité déçue.

— Est-ce que cela signifie, demanda-t-il d’une voix tonnante et rauque, que ce jeune homme prétend être l’héritier de la pairie d’Avon ?

— Il est mon fils légitime.

— Je vous connaissais fort bien, monsieur, dans votre jeunesse, mais vous me permettrez de vous faire remarquer que ni moi ni aucun de vos amis n’a jamais entendu parler de votre femme ou de votre fils. Je