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jim harrison, boxeur

son gré, aller à Londres et relever ce défi. C’est seulement hier que la nouvelle en arriva aux oreilles de son père, qui ne voulut le permettre à aucun prix. Il était dans un état d’extrême faiblesse et il ne fallait pas s’opposer à ses désirs. Il me donna l’ordre de partir aussitôt et de ramener son fils auprès de lui. Je ne savais que faire, car j’étais convaincue que Jim ne viendrait jamais à moins qu’on ne lui trouvât un remplaçant. J’allai trouver les braves gens qui l’avaient élevé. Je les mis au fait de la situation. Mistress Harrison aimait Jim, comme s’il eût été son propre fils, et son mari affectionnait le mien, de sorte qu’ils vinrent à mon aide. Que Dieu les bénisse pour leur bonté envers une épouse et une mère affligée. Harrison consentait à prendre la place de Jim, si celui-ci voulait aller retrouver son père. Alors, je me rendis en voiture à Crawley. Je découvris où était la chambre de Jim et je lui parlai par la fenêtre, car j’étais certaine que ceux qui le soutenaient ne le laisseraient point partir. Je lui dis que j’étais sa mère. Je lui dis qui était son père. Je lui dis que mon phaéton attendait et que j’étais à peu près certaine qu’il arriverait à peine assez à temps pour recevoir la dernière bénédiction de ce père qu’il n’avait jamais connu. Et cependant le jeune homme ne voulut jamais partir avant que je lui eusse affirmé qu’Harrison le remplacerait.

— Pourquoi n’a-t-il pas laissé un mot pour Belcher ?

— J’avais la tête perdue, Sir Charles. Trouver un père et une mère, un nom et un rang en quelques minutes. Il y avait de quoi bouleverser une cervelle plus forte que la mienne. Ma mère me demandait de partir avec elle et je suis parti. Le phaéton attendait, mais nous étions à peine en route, qu’un individu saisit la bride des chevaux et un couple de bandits m’as-