— Je me battrais encore toute une semaine, dit Wilson, haletant.
— Que le diable m’emporte ! J’aime son genre, cria Sir John Lade. Il ne recule pas, il ne cède pas. Il ne cherche pas le corps à corps. Il ne boude pas. C’est une honte de le laisser se battre. Il faut l’emmener, le brave garçon.
— Qu’on l’emmène ! Qu’on l’emmène ! répétèrent des centaines de voix.
— Je ne veux pas qu’on m’emmène. Qui ose parler ainsi ? s’écria Wilson qui était revenu après une nouvelle chute sur les genoux de ses seconds.
— Il a trop de cœur pour crier assez, dit le général Fitzpatrick.
Puis s’adressant à Sir Lothian :
— Vous qui êtes son soutien, vous devriez demander qu’on jette l’éponge en l’air.
— Vous croyez qu’il ne peut vaincre ?
— Il est battu sans rémission, monsieur.
— Vous ne le connaissez pas. C’est un glouton de première force.
— Jamais homme plus endurant n’ôta sa chemise, mais l’autre est trop fort pour lui.
— Eh bien ! monsieur, je crois qu’il peut soutenir dix rounds de plus.
En parlant, il se retourna à demi et je le vis lever le bras gauche en l’air par un geste singulier.
— Coupez les cordes ! Qu’on joue franc jeu ! Attendez que la pluie cesse ! cria derrière moi une voix de stentor.
Je vis que c’était celle de l’homme de haute taille à l’habit vert-bouteille.
Son cri était un signal, car cent voix rauques partirent avec le bruit d’un brusque coup de tonnerre, hurlant ensemble :