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jim harrison, boxeur

L’homme de l’Ouest sourit, se secoua comme un chien qui sort de l’eau et, d’un pas furtif, revint vers le centre du ring, où son adversaire restait debout.

Et la main droite alla s’appliquer une fois de plus sur la marque du Crabe, mais Wilson amortit le coup avec son coude et fit un bond de côté en riant.

Les deux hommes étaient un peu essoufflés et leur respiration rapide, profonde, mêlant son bruit à leur léger piétinement pendant qu’ils tournaient l’un autour de l’autre, faisait un bruit uniforme et à long rythme.

Deux coups portés simultanément de chaque côté avec la main gauche, se heurtèrent avec une sorte de détonation comme un coup de pistolet, et alors, comme Harrison se lançait en avant pour une attaque, Wilson le fit glisser et mon vieil ami tomba la face en avant, tant par l’effet de son élan que par celui de sa vaine attaque, non sans recevoir au passage sur son oreille un coup à toute volée du bras à demi ployé de l’homme de l’Ouest.

— Knock-down pour Wilson ! cria le juge auquel répondit un grondement pareil à une bordée d’un vaisseau de soixante-quatorze canons.

Les Corinthiens lancèrent en l’air par centaines leurs chapeaux à bords contournés et toute la pente qui s’étendait devant nous fut comme une grève de faces rouges et hurlantes.

Mon cœur était paralysé par la crainte.

Je sursautais à chaque coup et pourtant je me sentais en proie à une fascination toute puissante, à un frisson de joie farouche, à une certaine exaltation de notre banale nature, que je voyais capable de s’élever au-dessus de sa douleur et de la crainte, rien que par un effort pour conquérir la plus humble des gloires.

Belcher et Baldwin s’étaient élancés sur leur homme,