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jim harrison, boxeur

— Tout à fait comme jadis, dit-il à Belcher.

— Prenez garde, Jack, dit le second anxieux. Vous avez reçu un peu plus que vous n’avez donné.

— Je peux en porter davantage, dit-il avec sérénité, pendant que Caleb Baldwin passait sur la figure la grosse éponge.

Le fond brillant de la cuvette de fer blanc cessa brusquement de paraître à travers l’eau.

Je puis m’apercevoir, d’après les commentaires que faisaient autour de moi les Corinthiens expérimentés et d’après les remarques de la foule placée derrière moi, qu’on regardait les chances d’Harrison comme diminuées par ce round.

— J’ai vu ses défauts de jadis et je n’ai pas vu ses qualités de jadis, dit Sir John Lade, notre concurrent sur la route de Brighton. Il est aussi lent que jamais sur ses pieds et dans sa garde. Wilson l’a touché autant qu’il a voulu.

— Wilson peut le toucher trois fois pendant qu’il sera lui-même touché une fois, mais cette fois-là vaudra trois de Wilson, remarqua mon oncle. C’est un lutteur de nature, tandis que l’autre est expert aux exercices, mais je ne retire pas une guinée.

Un silence soudain fit comprendre que les deux hommes étaient de nouveau face-à-face. Les seconds s’étaient si habilement acquittés de leur tâche, que ni l’un ni l’autre ne paraissait avoir souffert de ce qui s’était passé.

Wilson prit malicieusement l’offensive avec le gauche, mais ayant mal jugé la distance, il reçut en réponse un coup écrasant dans l’estomac qui l’envoya chancelant et la respiration coupée sur les cordes.

— Hurrah pour le vieux ! hurla la foule.

Mon oncle se mit à rire et à taquiner Sir John Lade.