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jim harrison, boxeur

rubans de la même couleur et faisant le tour du ring, il les offrit comme souvenir de lutte aux Corinthiens, au prix d’un shilling la pièce.

Son petit commerce, qui marchait fort bien, ne fut interrompu que par l’arrivée d’Harrison qui entra posément, tranquillement, en enjambant les cordes ainsi qu’il convenait à son âge plus mûr et à ses articulations moins souples.

Les cris qui l’accueillirent furent plus enthousiastes encore que ceux qui avaient salué Wilson, et ils exprimaient une admiration plus profonde, car la foule avait déjà eu le temps de voir le physique de Wilson, tandis que celui d’Harrison était une nouveauté pour elle.

J’avais souvent contemplé les bras et le cou du puissant forgeron, mais je ne l’avais jamais vu nu jusqu’à la ceinture.

Je n’avais point compris la merveilleuse symétrie de développement qui avait fait de lui, dans sa jeunesse, le modèle favori des sculpteurs de Londres.

Ce n’était plus du tout cette peau lisse, blanche, ces jeux de lumière sur les saillies des muscles qui faisaient de Wilson un coup d’œil si agréable.

Au lieu de cela, on se trouvait en présence d’une grandeur rudement taillée, d’un enchevêtrement de muscles noueux.

On eût dit les racines d’un vieux chêne se tordant pour aller de la poitrine à l’épaule et de l’épaule au coude.

Même quand il était au repos, le soleil jetait des ombres sur les courbes de sa peau. Mais quand il faisait un effort, chaque muscle faisait saillir ses faisceaux en masses distinctes et nettes et faisait de son corps un amas de nœuds et d’aspérités.

La peau de sa figure et de son corps était d’une teinte