Page:Doyle - Jim Harrison, Boxeur, trad Savine, 1910.djvu/300

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
289
jim harrison, boxeur

sentinelles qui présentait, sous une série d’uniformes chapeaux blancs, tous les types possibles du boxeur, depuis la figure fraîche et juvénile de Tom Belcher, de Jones et des autres nouvelles recrues, jusqu’aux faces cicatrisées et mutilées des vieux professionnels.

Pendant qu’on s’occupait de planter les poteaux, de fixer les cordes, je pouvais, grâce à ma place privilégiée, entendre les propos de la foule qui était derrière moi. Deux rangs de cette foule étaient allongés par terre, les deux autres rangs agenouillés et le reste debout en colonnes serrées sur toute la pente douce, de telle sorte que chaque ligne ne pouvait voir que par-dessus les épaules de celle qui était en avant d’elle.

Il y avait plusieurs spectateurs et, de ce nombre, de fort expérimentés, qui voyaient les chances d’Harrison sous le jour le plus sombre, et j’avais le cœur gros à entendre leurs propos.

— Toujours la même histoire, disait l’un. Ils ne veulent pas se mettre dans la tête que les jeunes doivent avoir leur tour. Il faut le leur enfoncer dans la tête à coups de poing.

— Oui, oui, disait un autre, c’est comme cela que Jack Slack a battu Boughton et que moi-même, j’ai vu Hooper le ferblantier mettre en morceaux le marchand d’huile. Ils en viennent tous là avec le temps et maintenant c’est le tour d’Harrison.

— N’en soyez pas si sûr que ça, s’écria un troisième. J’ai vu Jack Harrison se battre cinq fois et jamais je ne l’ai vu vaincu. C’est un boucher, vous dis-je.

— C’était, voulez-vous dire.

— Eh bien, je ne vois pas qu’il ait tant changé que cela. Et je suis prêt à mettre dix guinées sur mon opinion.

— Comment ! dit très haut un homme placé juste