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jim harrison, boxeur

clavette de moyeu partait, une roue s’abattait sur les touffes de bruyère et des éclats de rire accueillaient les gens de la voiture, tandis qu’ils contemplaient piteusement le désastre.

Puis, dans une partie de la lande où les broussailles étaient plus clairsemées et la surface plus égale, les piétons se mirent à courir, les cavaliers firent jouer les éperons, les conducteurs firent claquer leurs fouets et toute la foule s’écoula en une course au clocher, affolée à la suite de la barouche jaune et de la voiture rouge qui formaient l’avant-garde.

— Que pensez-vous de nos chances ? dit mon oncle à Harrison de façon à ce que je pus l’entendre, pendant que les juments allaient avec précaution sur ce terrain inégal.

— Ce sera ma dernière lutte, Sir Charles, dit le forgeron. Vous avez entendu la bonne femme dire que, si elle me laissait aller, ce serait à la condition de ne plus le lui demander. Il faut que je fasse de mon mieux pour que cette lutte soit bonne.

— Mais votre entraînement ?

— Je suis toujours en entraînement, monsieur. Je travaille ferme du matin au soir et je ne bois que de l’eau. Je ne crois pas que le capitaine Barclay puisse faire mieux avec toutes ses règles.

— Il a le bras un peu long pour vous.

— Je me suis battu avec d’autres qui l’avaient plus long encore et je les ai vaincus. Si on en venait à un corps à corps, j’aurais tous les avantages et avec une poussée, je viendrais à bout de lui.

— C’est un match entre la jeunesse et l’expérience. Eh bien ! Je ne retirerais pas une guinée de mon enjeu. Mais à moins qu’il ait été contraint, je ne pardonnerai pas au jeune Jim de m’avoir abandonné.