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jim harrison, boxeur

disparaissait au fond des plis de terrain alternativement.

Quelques personnes de la foule qui savaient observer avaient jeté des regards soupçonneux du côté de ce cavalier, mais le plus grand nombre l’aperçurent seulement lorsqu’il eut arrêté son cheval sur un tertre qui dominait l’amphithéâtre et d’où, avec une voix de stentor, il annonça qu’il représentait le Custos Rotulorum de Sa Majesté dans le comté de Sussex et qu’il déclarait la réunion de cette assemblée contraire à la loi, et qu’il avait charge de la disperser en employant au besoin la force.

Jamais, jusqu’alors, je n’avais compris cette crainte profondément enracinée, ce respect salutaire que la loi avait fini, au bout de bien des siècles, à imprimer à coups de trique dans l’âme de ces insulaires sauvages et turbulents.

Voilà donc un homme, flanqué simplement de deux domestiques, en face de trente mille autres hommes irrités, mécontents, et parmi lesquels sa trouvaient en grand nombre des boxeurs de profession et aussi parmi ces derniers, des représentants de la classe la plus brutale et la plus dangereuse qu’il y eût dans le pays.

Et pourtant, c’était cet homme isolé qui parlait de recourir à la force pendant que l’immense multitude flottait en murmurant pareille à un animal indocile et de dispositions farouches, face-à-face avec une puissance, qu’il savait sourde à tout raisonnement, capable de vaincre toute résistance.

Mais mon oncle, ainsi que Berkeley Craven, sir John Lade et une douzaine d’autres lords et gentlemen accoururent au devant de ce gêneur du sport.

— Je suppose que vous avez un mandat, monsieur ? dit Craven.