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jim harrison, boxeur

dépenser sans compter pour peu que le pays en retire le moindre avantage. Comment est le vent, ce matin, Stone ?

— Est, sud-est, dit mon père sans hésitation.

— Alors, Cornwallis est sans doute en bon chemin pour Brest, quoique pour ma part, j’eusse préféré tâcher de les attirer au large.

— C’est aussi ce que souhaiteraient tous les officiers et tous les hommes de la flotte, Votre Seigneurie, dit mon père.

— Ils n’aiment pas le service de blocus, et cela n’est pas étonnant, puisqu’il ne rapporte ni argent, ni honneur. Vous vous rappelez comment cela se passait dans les mois d’hiver, devant Toulon, Stone, alors que nous n’avions à bord ni poudre, ni bœuf, ni vin, ni porc, ni farine, pas même des câbles, de la toile et du filin de réserve. Et nous consolidions nos vieux pontons avec des cordages. Dieu sait si je ne m’attendais pas à voir le premier Levantin venu couler nos vaisseaux. Mais, quand même nous n’avons pas lâché prise. Néanmoins, je crains que là-bas, nous n’ayons pas fait grand chose pour l’honneur de l’Angleterre. Chez nous, on illumine les fenêtres à la nouvelle d’une grande bataille, mais on ne comprend pas qu’il nous serait plus aisé de recommencer six fois la bataille du Nil que de rester en station tout l’hiver pour le blocus. Mais je prie Dieu qu’il nous fasse rencontrer cette nouvelle flotte ennemie, et que nous puissions en finir par une bataille corps à corps.

— Puissé-je être avec vous, mylord ! dit gravement mon père. Mais nous vous avons déjà pris trop de temps et je n’ai plus qu’à vous remercier de votre bonté et à vous offrir tous mes souhaits.

— Bonjour, Stone, dit Nelson, vous aurez votre vais-