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jim harrison, boxeur

— J’espère être sous vos ordres, Mylord, dit mon père, la prochaine fois que nous les rencontrerons.

— Nous les rencontrerons, il le faut, et cela sera. Par le ciel ! je n’aurai pas de repos, tant que je ne leur aurai pas donné une secousse. Ce coquin de Bonaparte prétend nous abaisser. Qu’il essaie et que Dieu favorise la bonne cause !

Il parlait avec tant d’animation, que la manche vide s’agitait en l’air, ce qui lui donnait l’air le plus extraordinaire.

Voyant mes yeux fixés sur lui, il sourit et se tourna vers mon père.

— Je peux encore faire de la besogne avec ma nageoire, dit-il en posant la main sur son moignon. Qu’est-ce qu’on disait dans la flotte à ce propos ?

— Que c’était un signal indiquant qu’il ne ferait pas bon se mettre en travers de votre écubier.

— Ils me connaissent, les coquins ! Vous le voyez, jeune gentleman, il ne s’est pas perdu la moindre étincelle de l’ardeur que j’ai mise à servir mon pays. Il pourra arriver un jour, que vous arborerez votre propre pavillon et, quand ce jour viendra, vous vous souviendrez que le conseil que je donne à un officier, c’est qu’il ne fasse rien à moitié, par demi mesures. Mettez votre enjeu d’un seul coup, et si vous perdez sans qu’il y ait de votre faute, le pays vous confiera un autre enjeu de même valeur. Ne vous préoccupez pas de manœuvres. Foin des manœuvres ! La seule dont vous ayez besoin, consiste à vous mettre bord à bord avec l’ennemi. Combattez jusqu’au bout et vous aurez toujours raison. N’ayez jamais une arrière pensée pour vos aises, pour votre propre vie, car votre vie ne vous appartient plus à partir du jour où vous avez endossé l’uniforme bleu. Elle appartient au pays et il faut la