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jim harrison, boxeur

Il restait immobile, fixant méchamment Jim de ses petits yeux injectés de sang, portant un peu en avant ses larges épaules, comme un mâtin farouche tire sur sa chaîne.

Le brouhaha des paris s’était augmenté, couvrant tous les autres bruits. Les hommes se jetaient leurs appréciations d’un côté à l’autre du hangar, agitaient les mains en l’air pour attirer l’attention ou pour faire signe qu’ils acceptaient un pari.

Sir John Lade, debout au premier rang, criait les sommes tenues contre Jim et les évaluait libéralement avec ceux qui jugeaient d’après l’apparence de l’inconnu.

— J’ai vu Berks se battre, disait-il à l’honorable Berkeley Craven. Ce n’est pas un blanc bec de campagnard qui battra un homme possesseur d’un pareil record.

— Il se peut que ce soit un blanc bec de campagnard, dit l’autre, mais on m’a tenu pour un bon juge en fait de bipèdes ou de quadrupèdes et je vous le dis, Sir John, je n’ai jamais vu de ma vie homme qui parût mieux en forme. Pariez-vous toujours contre moi ?

— Trois contre un.

— Chaque unité compte pour cent livres.

— Très bien, Craven ! les voilà partis. Berks ! Berks ! Bravo ! Berks ! Bravo ! Je crois bien Berkeley que j’aurai à vous faire verser ces cent livres.

Les deux hommes s’étaient mis debout face-à-face, l’un aussi léger qu’une chèvre, avec son bras gauche bien en dehors, et le bras droit en travers du bas de sa poitrine, tandis que Berks tenait les deux bras à demi ployés et les pieds presque sur la même ligne, de façon à pouvoir porter en arrière l’un ou l’autre.

Pendant une minute, ils se regardèrent.