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jim harrison, boxeur

— Je ne discute jamais avec eux ; je leur dis : « À présent, Messieurs, ma profession est celle de boxeur et je ne me bats pas pour l’amour de l’art, pas plus qu’un médecin ne vous drogue pour rien, pas plus qu’un boucher ne vous fait cadeau de ses tranches de rumsteak. Faites une petite bourse, mon maître, et je vous promets de vous faire honneur. Mais ne vous figurez pas que vous aller sortir d’ici, vous faire gorger à l’œil par un champion de poids moyen. »

— C’est aussi comme cela que je fais, Tom, dit son gros voisin. S’ils mettent une guinée sur le comptoir — ils n’y manquent pas quand ils ont beaucoup bu — je leur donne ce que j’estime valoir une guinée et je ramasse l’argent.

— Mais s’ils ne le font pas.

— Eh bien ! dans ce cas, il s’agit d’une attaque ordinaire contre un fidèle sujet de Sa Majesté, le nommé William War. Je les traîne devant le magistrat le lendemain. Ça leur coûte huit jours ou vingt shillings.

Pendant ce temps, le souper avançait à grand train.

C’était un de ces repas solides et peu compliqués qui étaient à la mode au temps de nos grands-pères et cela vous expliquera, à certains d’entre vous, pourquoi ils n’ont jamais connu ces parents-là.

De larges tranches de bœuf, des selles de mouton, des langues fumées, des pâtés de veau et de jambon, des dindons, des poulets, des oies, toutes les sortes de légumes, un défilé de sherrys ardents, de grosses ales, tel était le fond principal du festin.

C’était la même viande et la même cuisine devant laquelle auraient pu s’attabler, quatorze siècles auparavant, leurs ancêtres norvégiens et germains.

Et à vrai dire, comme je contemplais à travers la