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jim harrison, boxeur

l’ivresse du ravissement ? Je pars la semaine prochaine pour le continent.

— Les recors, demanda un de ses voisins.

— Pas si bas que cela, Pierrepont. Non, non, c’est pour combiner l’agrément et l’instruction. En outre, il est nécessaire d’aller à Paris pour nos petites affaires et s’il y a des chances pour qu’une nouvelle guerre éclate, il serait bon de s’en assurer une provision.

— C’est parfaitement juste, dit mon oncle, qui semblait avoir à cœur de ne pas se laisser surpasser en extravagance par Brummel. Je faisais ordinairement venir mes gants soufre du Palais-Royal. En 93, quand la guerre a éclaté, j’en ai été privé pendant neuf ans. Si je n’avais pas loué un lougre tout exprès pour en introduire en contrebande, j’aurais peut-être été réduit à notre cuir tanné d’Angleterre.

— Les Anglais sont supérieurs pour fabriquer un fer à repasser ou un tisonnier, mais tout ce qui demande plus de délicatesse est hors de leur portée.

— Nos tailleurs sont bons, s’écria mon oncle, mais nos étoffes laissent à désirer par le goût et la variété. La guerre nous a rendus plus rococos que jamais. Elle nous a interdit les voyages. Il n’y a rien qui vaille comme les voyages pour former l’intelligence. L’année dernière, par exemple, je suis tombé sur de nouvelles étoffes pour gilets, sur la place Saint-Marc, à Venise. C’était jaune avec les plus jolis chatoiements rouges qu’on pût trouver. Comment aurais-je pu voir cela si je n’avais pas voyagé ? J’en emportai avec moi et pendant quelque temps cela fit fureur.

— Le prince s’en éprit aussi.

— Oui, en général, il se conforme à ma direction. L’année dernière, nous étions habillés d’une façon si semblable qu’on nous prenait souvent l’un pour l’autre.