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jim harrison, boxeur

C’était un âge d’héroïsme et de folie.

D’une part, les menaces incessantes de Bonaparte avaient appelé au premier plan des hommes de guerre, des marins, des hommes d’État tels que Pitt, Nelson, et plus tard Wellington.

Nous étions grands par les armes et nous n’allions guère tarder à l’être dans les lettres, car Scott et Byron furent dans leur temps les plus grandes puissances de l’Europe.

D’autre part, un grain de folie réelle ou simulée était un passeport qui vous ouvrait les portes fermées devant la sagesse ou la vertu.

L’homme qui était capable d’entrer dans un salon en marchant sur les mains, l’homme qui s’était limé les dents afin de siffler comme un cocher, l’homme qui pensait toujours à haute voix de façon à tenir toujours ses hôtes dans un frisson d’appréhension, tels étaient les gens qui arrivaient sans peine à se placer au premier plan de la société de Londres.

Et il n’était pas possible de tracer une distinction entre l’héroïsme et la folie, car bien peu de gens étaient capables d’échapper entièrement à la contagion de l’époque.

En un temps où le Premier était un grand buveur, le leader de l’opposition un débauché, où le prince de Galles réunissait ces attributs, on aurait eu grand peine à trouver un homme dont le caractère fût également irréprochable en public et dans sa vie privée.

En même temps, cette époque-là, avec tous ses vices, était une époque d’énergie et vous serez heureux si dans la vôtre le pays produit des hommes tels que Pitt, Fox, Nelson, Scott et Wellington.

Ce soir-là, comme j’étais chez Wattier, auprès de mon oncle, sur un de ces sièges capitonnés de velours