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jim harrison, boxeur

votre poids en avant sur le pare-boue, maintenant que nous abordons la montée, mon neveu. Regardez-moi l’action de ce cheval de tête : avez-vous jamais vu rien de plus aisé, de plus beau ?

Nous montâmes la côte au petit trot mais, même à cette allure, nous vîmes le voiturier qui marchait dans l’ombre de sa voiture énorme aux larges roues, à la capote de toile, s’arrêter pour nous regarder d’un air ébahi. Tout près Hand Cross, on dépassa la diligence royale de Brighton qui s’était mise en route dès sept heures et demie, qui cheminait lentement, suivie des voyageurs qui marchaient dans la poussière et qui nous applaudirent au passage.

À Hand Cross, nous aperçûmes au vol le vieux propriétaire de l’auberge, qui accourait avec son gin et son pain d’épices, mais maintenant la pente était en sens inverse et nous nous mîmes à courir de toute la vitesse que donnent huit bons sabots.

— Savez-vous conduire, mon neveu ?

— Très peu, monsieur.

— On ne saurait apprendre à conduire sur la route de Brighton.

— Comment cela, monsieur ?

— C’est une trop bonne route, mon neveu. Je n’ai qu’à les laisser aller et elles m’auront bientôt amené dans Westminster. Il n’en a pas toujours été ainsi. Quand j’étais tout jeune, on pouvait apprendre à manœuvrer ses vingt yards de rênes, ici tout comme ailleurs. Il n’y a réellement pas de nos jours de belles occasions de conduire, plus au sud que le comté de Leicester. Trouvez-moi un homme capable de faire marcher ou de retenir ses bêtes sur le parcours d’un vallon du comté d’York, voilà l’homme dont on peut dire qu’il a été à bonne école.