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jim harrison, boxeur

pont de Westminster, quand il se sera écoulé un quart d’heure.

— Je parie cent autres livres que nous vous dépasserons, répondit mon oncle.

— Très bien, voici le moment. Bonjour.

Il fit entendre un tokk de la langue, agita ses rênes, salua de son fouet en vrai style de cocher et partit en contournant l’angle de la place avec une habileté pratique qui fit éclater les applaudissements de la foule.

Nous entendîmes s’affaiblir les bruits des roues sur le pavé jusqu’à ce qu’ils se perdissent dans l’éloignement.

Le quart d’heure, qui s’écoula jusqu’au moment où le premier coup de neuf heures sonna à l’horloge de la paroisse, me parut un des plus longs qu’il y ait eus.

Pour ma part, je m’agitais impatiemment sur mon siège, mais la figure calme et pâle et les grands yeux bleus de mon oncle exprimaient autant de tranquillité et de réserve que s’il eut été le plus indifférent des spectateurs.

Mais il n’en était pas moins attentif. Il me sembla que le coup de cloche et le coup de fouet fussent partis en même temps, non point en s’allongeant, mais en cinglant vivement le cheval de tête qui nous lança à une allure furieuse, à grand bruit, sur notre parcours de cinquante milles.

J’entendis un grondement derrière nous. Je vis les lignes fuyantes des fenêtres garnies de figures attentives. Des mouchoirs voltigèrent.

Puis nous fûmes bientôt sur la belle route blanche, qui décrivit sa courbe en avant de nous, bordée de chaque côté par les pentes vertes des dunes.

J’avais été muni d’une provision de shillings pour que les gardes-barrières ne nous arrêtassent pas, mais mon oncle tira sur la bride des juments et les mit au